PINGPONG#3
Le ping-pong de l’été : chaque semaine, un trésor de nos collections fera face à une œuvre de l’exposition « icônes by Susan Kare », selon un thème précis !
Le caractère Galfra
Aujourd’hui, voir une cabine téléphonique nous fait sourire et nous ramène à un « temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître » comme chantait Charles Aznavour. De pair avec les cabines téléphoniques venait également le précieux annuaire, Saint Graal des répertoires, véritable ouvrage de « service public » d’après le typographe Ladislas Mandel. Outil utilisé par tous et toutes, même les personnes qui lisent peu, l’annuaire doit être facilement déchiffrable, dans toutes les conditions (comme la nuit, dans une cabine téléphonique). C’est donc pour cet annuaire que ce même Mandel s’attèle à créer une nouvelle police, rendant la précieuse recherche – et donc la lecture du volume – plus facile. Il invente pour ça le caractère Galfra, aux formes rondes pour contraster avec la rigueur toute géométrique de l’annuaire.
Créé à la fin des années 70, Galfra a été pensé pour être imprimé grâce à des machines à tubes cathodiques, qui composent les lettres par assemblages de petits points. Il réfléchit donc à la forme des lettres et anticipe les brisures et défauts qu’un tel système d’impression peut engendrer, rectifiant au préalable son dessin. Ainsi, ces lettres sont composées de minces rectangles qui simulent la trame d’impression. Ça ne vous rappelle rien ?
Le point de croix
Que vient faire du point de croix dans une exposition dédiée aux icônes et au pixel ? Un fort lien affectif et une ressemblance de motif ! Susan Kare explique avoir fait beaucoup de broderie avec sa mère et travailler le pixel lui rappelle ces motifs créés grâce à l’entrelacement de fils, formant des carrés.
C’est le même constat que fait Aheneah, jeune artiste portugaise spécialisée dans la broderie… gigantesque ! Alors en école de design, elle se rend compte en voyant sa grand-mère broder que le pixel et le point de croix sont exactement la même chose. Elle décide alors d’adapter cette technique traditionnelle à des motifs contemporains. Son but ? Rassembler les générations au travers d’œuvres poétiques. Chez elle, la broderie c’est de famille ! Elle apprend au côté de son arrière-grand-mère, ses deux grands-mères sont coutières et aujourd’hui elle travaille avec sa mère. Armée d’une perceuse, elle installe ses vis selon un schéma conçu sur ordinateur et place ses fils de laine pour faire apparaître le motif.