Bienvenue au MICG
Vous utilisez couramment un smartphone, un ordinateur, une tablette. Vous écrivez sur votre clavier, sur votre écran, vous choisissez des polices, des tailles de caractères (Times new roman, Helvetica, Arial, etc.), vous surlignez en gras, en italique, vous mettez en forme vos idées et en pages vos textes. Vous jouez avec les mots et les images. Vous imprimez, aussi.
Bref, vous communiquez !
C’est pour cette raison que le musée de l’Imprimerie et de la Communication graphique (MICG) se propose de vous donner des points de repère, historiques, esthétiques, techniques, pour vous permettre de mieux comprendre ces gestes de tous les jours. En vous plongeant dans la naissance et l’évolution de l’imprimerie depuis la Renaissance, vous serez confrontés à un patrimoine vivant qui donne du sens aux mutations technologiques actuelles. Vivant, car régulièrement animé par des expositions temporaires et des démonstrations de techniques et arts graphiques, menées par des spécialistes dans leur domaine, moments de rencontre, d’échanges, avec la possibilité aussi de pratiquer, par le biais de nombreux ateliers tout au long de l’année.
Le musée de l’Imprimerie et de la Communication graphique est né en 1964, grâce à trois figures du monde du livre : l’imprimeur Marius Audin (dont le frère Amable fonda le musée gallo-romain de Lyon devenu depuis 2017 Lugdunum), Henri-Jean Martin, directeur de la bibliothèque de Lyon et théoricien de l’histoire du livre, et André Jammes, libraire parisien, grand connaisseur de la typographie.
Notre musée célèbre d’abord la place de Lyon dans les premiers temps de l’imprimerie, véritable Silicon Valley d’innovation et de diffusion de livres imprimés entre la fin du XVe siècle et le milieu du XVIe siècle, au même niveau que Venise ou Leipzig. Lyon joue aussi un rôle prépondérant dans la diffusion des techniques innovantes, comme la photocomposition au XXe siecle. Avec cette dernière, les inventeurs René Moyroud et Louis Higonnet changèrent la façon d’imprimer et marquent la fin de la composition typographique héritée de Gutenberg. Le parcours chronologique du musée vous invite à embrasser cinq siècles d’évolutions graphiques, sur deux étages et trois galeries. Un voyage depuis l’apparition de l’imprimerie en Asie jusqu’au triomphe de l’imprimé pour tous et toutes, l’irruption de l’image et la prééminence de la publicité, le développement du design graphique.
Depuis 2017, les expositions temporaires sont de leur côté envisagées comme un contrepoint à l’exposition permanente des collections et se situent d’emblée sur des sujets contemporains ou reliés directement aux XXe et XXIe siècles.
À l’heure où notre société fait défiler devant nous tant d’images et de textes numériques, la force et la singularité du musée de l’Imprimerie et de la Communication graphique tient dans la possibilité de travailler constamment et en écho les traces du passé et les formes contemporaines de la création, les sujets d’actualité et les relations profondes qui unissent les publics aux textes et aux images.
Cher·es visiteur·euses,
L’écriture et la langue sont des terrains vagues, où l’on peut jouer, essayer, se tromper, recommencer toujours. Des lieux d’affirmation, de signalisation, de contestation et de domination aussi, qu’il faut regarder avec distance pour les apprivoiser peu à peu, comme des animaux sauvages.
Avec l’écriture inclusive, chacun·e d’entre nous dispose d’un nouveau registre, d’un répertoire joyeux et politique, qui vise autant à l’égalité des genres qu’à renouer avec notre passé de langue vivante et évolutive. La féminisation des mots qui l’accompagne vient ainsi ferrailler directement avec la vague de masculinisation du vocabulaire opérée entre les XVIIe et XVIIIe siècles en Europe.
Il vous suffit de venir au musée pour constater dans les lettres, la ponctuation, la typographie, à quel point l’écriture inclusive ne fait que poursuivre la conquête de nos espaces publics et personnels. Plus nous nous voyons dans les mots et les images, plus nous existons et sommes à même de dire ce que nous voulons, d’exprimer nos désirs et nos colères, de participer en entier au monde qui est le nôtre et que nous partageons.
Vous avez été - très - nombreuses et nombreux ces derniers mois à venir au musée. Et, grâce à vous, nous avons retrouvé des couleurs, des forces, pour vous offrir un tourbillon d’histoires et d’expériences dans cette nouvelle saison qui s’annonce aussi sensible qu’énergique et virevoltante. Hayao Miyazaki fera ainsi une entrée fracassante dans nos murs d’avril à septembre 2024. L’exposition Le musée ambulant, qui lui sera consacrée, ne reviendra pas sur les 1001 façons de faire un film d’animation. Il s’agira plutôt de découvrir tous les livres, toutes les autrices, les auteurs, les références textuelles et visuelles, graphiques, qui se cachent derrière les films du maître japonais.
Le graphiste français Michel Lepetitdidier viendra quant à lui vous raconter sa vie de designer, sa manière, discrète et émouvante, de porter haut le graphisme d’auteur, au plus loin de la communication et au plus près des sentiments de celles et ceux qui, souvent fidèles, lui passent un jour commande. L’exposition rétrospective de son travail se tiendra de novembre 2023 à février 2024, et sera précédée dans les salles d’un hommage appuyé à la poétesse Emily Dickinson et à sa frénésie d’écrire des vers au dos des enveloppes placées tout autour d’elle, comme des réceptacles naturels de sa puissance littéraire en action.
Ajoutez la présence de l’artiste Laura Ben Haiba en résidence à l’automne 2023, et la possibilité de vous rendre à la centaine de visites, ateliers et démonstrations animé.es par nos médiateur·ices, et vous obtiendrez la recette pour un musée épanoui, en équilibre entre imprimerie et graphisme, qui fêtera ses déjà 60 ans en 2024…
Au plaisir de vous accueillir toutes et tous, de vous voir, et de vous revoir bientôt !
Joseph Belletante, Directeur, 2023.