L'Hôtel de la Couronne
De l’Hôtel de la Couronne au Musée de l’imprimerie et de la communication graphique
L’Hôtel de la Couronne en quelques dates
Edifié au milieu du XVe siècle, c’est à l’époque une demeure privée. La première trace écrite dans les archives date de 1493, le prieuré (monastère) de Charlieu étant alors cité comme propriétaire de la « Maison de la Couronne ». Le bâtiment appartient ensuite successivement aux familles de Varey, de Faye, de Thou, toutes grandes familles marchandes lyonnaises.
Le prévôt des marchands (comparable à un maire actuel) et les échevins (équivalents aux conseillers municipaux d’aujourd’hui) en font l’acquisition en 1604, afin d’y installer la Maison de Ville. La première était alors située au 3, rue de la Fromagerie toute proche, mais elle devenait trop exigüe.
Cette nouvelle maison commune abrite les bureaux de police et de santé ; on y organise également les préparatifs des visites royales, comme celle de Louis XIII en 1622.
Le 12 mars 1643, on y rédige le fameux vœu à Notre Dame : la peste menaçait et les échevins demandèrent sa protection à la Vierge en faisant voeu d’aller... « toutes les fêtes de la nativité de la Vierge, qui est le huitième jour de septembre, sans robes, néanmoins avec leurs habits ordinaires, en la chapelle de Notre-Dame de Fourvière, pour y ouïr la sainte messe, y faire leurs prières et dévotions à ladite Vierge, et lui offrir, en forme d’hommage et reconnaissance, la quantité de sept livres de cire blanche en cierges et flambeaux, et un écu d’or au soleil. Et ce pour disposer ladite Vierge à recevoir en sa protection particulière la ville de Lyon ».
L'Hôtel de la Couronne, devenu à son tour trop petit, est vendu en 1646 à l’architecte de la ville Simon Maupin, à qui l’on doit les plans du nouveau et beaucoup plus vaste Hôtel de ville, sis place des Terreaux.
Le consulat des échevins quitte la rue de la Poulaillerie en 1654.
Peu d'informations subsistent de cette époque jusqu'au XIXe siècle.
On sait cependant qu’un imprimeur s’installe dans la cour.
Quelques aménagements sont réalisés en 1860 suite au percement de la rue de l’Impératrice (actuelle rue Edouard Herriot). Le Crédit Lyonnais s’installe dans cet îlot urbain en 1863 et classe ses archives dans l’Hôtel de la Couronne.
Il cède le bâtiment à la Ville de Lyon en 1956, et des travaux sont alors effectués en vue de l’ouverture d’un musée.
C’est ainsi que le maire Louis Pradel inaugure le Musée de la banque, à l’occasion du centenaire du Crédit Lyonnais (1963).
Un an plus tard, en 1964, c’est l’ouverture au public du Musée de l’imprimerie et de la banque, dirigé jusqu’en 1975 par Maurice Audin, maître-imprimeur et spécialiste lyonnais de l’imprimerie, avec le concours d’André Jammes, libraire d’anciens parisien et d’Henri-Jean Martin, conservateur en chef des bibliothèques de Lyon.
La création d’un tel musée à Lyon se justifiait par l’importance de la ville comme centre de production et de commerce de livres aux XVe et XIXe siècles.
Les collections concernant la banque étant restées très modestes, la salle de la Banque est supprimée dans les années 1990.
L’appellation « Musée de France » a été attribuée en 2005.
L’édifice, architecture et décoration
L’ensemble est organisé entre la rue des Forces (anciens ciseaux pour tondre le drap), reliée par une traboule à la rue de la Poulaillerie (on y échangeait les volailles, ou, plus précisément, les poulailles, jusqu'au milieu du XIXe siècle), autrefois nommée rue Maudicte (ainsi, sur le plan de 1550) en souvenir du marchand drapier Pierre Valdo, prêchant la foi vaudoise, considérée comme hérétique.
Le Musée se trouve proche du quartier historique des imprimeurs lyonnais (autour de la rue Mercière, dès le XVe siècle) et, depuis 1998, au sein de la zone classée Patrimoine mondial par l’UNESCO, dans un tissu urbain très dense, le Musée étant lui-même installé dans deux immeubles mitoyens autour de la cour.
« Cet immeuble, situé entre la rue des Forces et la rue de la Poulaillerie, contenait « cinq corps d’hostel avec deux cours, jardin clos de haultes murailles, estables, et fenières », sa principale issue était sur la rue de la Poulaillerie. Les restes de cet édifice sont encore dignes de fixer l’attention des curieux, non seulement à titre de témoignage matériel, le seul subsistant, d’une demeure municipale, mais comme spécimen de plus en plus rare de l’architecture privée de la fin du XVe siècle ». C’est ainsi que Vital de Valous décrit l’ensemble dans son ouvrage Les Anciens Hôtels de Ville ou Maisons Communes de Lyon, paru en 1862.
L’édifice présente toujours de nos jours une allée avec une voûte entrecroisée de belles nervures, une cour à galeries ovales supportées par deux arcs, une tour abritant un escalier à vis éclairée par des fenêtres à meneaux et surmontée d’un toit polygonal. Plus récente est la grille d’entrée, décorée de caractères d’imprimerie.
Sur un mur de la cour, une oeuvre du sculpteur Philippe Lalyame (XVIIe siècle) présente des lions et les figures du Rhône et de la Saône sur un fronton brisé. Au centre, une inscription en latin gravée sur pierre rappelle que le consulat de ville a tenu assemblée ici dès 1604.
En 1611, les Tables Claudiennes sont installées dans la cour ; elles correspondent à une plaque de bronze en deux fragments retrouvée en 1528 sur les pentes de la Croix-Rousse, et présentant le texte du discours de l’empereur Claude (natif de Lugdunum) en 48 : il s’y prononce pour l’admission des Gaulois au sein du Sénat romain. Gravée à Lyon, cette plaque était exposée dans le sanctuaire des Trois Gaules. Une fois retrouvée, elle a d’abord été placée dans la Maison de Ville rue de la Fromagerie, puis ici dans la cour, ensuite à l’Hôtel de Ville des Terreaux, avant d’être définitivement déposée au musée gallo-romain de Fourvière. C’est une copie qui est désormais visible dans la cour Maurice Scève (vers 1501-1570), nommée ainsi en l’honneur du chef de file de l’école lyonnaise de poésie.