Focus sur Calypso
Dans la mythologie grecque, Calypso « aux belles boucles » était une nymphe de la mer, reine mythique de l’île d’Ogygie. Sa beauté lui conférait le don de « sceller, d’envelopper ». Envoûté par les boucles soyeuses de l’enchanteresse mais aussi par sa promesse d’immortalité, Ulysse mit sept ans à se libérer de son emprise.
Inspiré par ces légendes et venant de créer cette police typographique en 1958, Roger Excoffon ne pouvait choisir meilleure appellation pour cette divine fonte : le Calypso.
Cet illustre dessinateur de la Fonderie Olive, fer de lance de la typographie française du XXe siècle, se consacrait alors à la création d’une série de nouveaux caractères inspirés par divers outils d’écriture ou de dessin : plume, crayon, stylo, calame…
Caractère de titrage novateur, entièrement constitué d’un long ruban en pointillés, son Calypso déroule inlassablement les volutes des signes, tel un sortilège attirant irrésistiblement l’œil.
Certes inspirée par des légendes anciennes, cette police avant-gardiste, sans trait continu mais entièrement tramée, s’inscrit résolument dans le mouvement expressionniste, pop-art de Roy Lichtenstein.
Nous avons la chance de posséder une fonte originale, en bon état de conservation et complète, datant de 1958, dans les collections du MICG : Calypso 24 points.
Le Calypso typographique a plus de soixante-cinq ans, mais son charme demeure, son corps de métal conserve de beaux reliefs. Une telle longévité n’aurait pas certes pas déplu à Ulysse. Encré puis pressé sur le papier, le Calypso laisse une empreinte indélébile, presque immortelle…
Fernande Nicaise, compositrice typographe