LA « MURIOMANIE » DES LUMIÈRES ET L’IMPRIMÉ, OU LA SÉRICICULTURE RÉDUITE EN ART.

Au tournant du XVIIe siècle, à travers l’oeuvre d’Olivier de Serres, les savoirs nécessaires à la culture du mûrier, à l’éducation des vers à soie et au tirage des cocons sont rassemblés et formalisés dans des traités imprimés, autrement dit réduits en art pour être diffusés et mis en pratique. Au milieu du XVIIIe siècle, alors que l’État royal multiplie les encouragements pour le développement séricicole, et dans le contexte des Lumières agricoles, une bulle éditoriale vient satisfaire la « muriomanie », véritable mode économique qui s’empare des possédants férus d’« amélioration ». Membres de sociétés d’agriculture, entrepreneurs de filature et de moulinage, inspecteurs des manufactures et naturalistes, forts de leur pouvoir-dire, décrivent et prescrivent les savoir-faire séricicoles. S’ils s’appuient sur l’observation des pratiques paysannes dans les régions spécialisées, ils entendent aussi les évaluer et les corriger par la pratique expérimentale d’une sériciculture de cabinet, dont les résultats publiés alimentent surtout les réputations et les controverses savantes.

Par Jean-Baptiste VÉROT
Ancien élève de l’Ecole normale supérieure de Lyon, Jean-Baptiste Vérot est agrégé d’histoire et prépare depuis 2017 une thèse de doctorat sur la culture du mûrier dans la France de l’époque moderne, sous la direction de Stéphane Durand (Université d’Avignon – Centre Norbert Elias UMR 8562). Il est actuellement attaché temporaire d’enseignement et de recherche à l’Université Paul Valéry Montpellier III.

Conférence organisée par les Amis du musée, le lundi 15 mai 2023, 18h15, Archives municipales de Lyon
Accès libre et gratuit dans la limite des places disponibles